Mon Révérend Père,
Messieurs les Présidents des associations cultuelle et culturelle arméniennes,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Encore une fois cette année, je voudrais commencer mon propos en remerciant sa sainteté Karékine II, Catholicos de tous les Arméniens, de penser à notre paroisse de Charvieu, Pont-de-Chéruy et ses environs, et de nous avoir octroyé le père Houssik Sargsyan, qui accompagne remarquablement, depuis quelques années déjà, la paroisse et la communauté arménienne de notre territoire.
J’ai une pensée pour Etchmiadzine, notre ville jumelle, sa Maire, Madame Diana Gasparyan, et l’ensemble des communes d’Arménie qui accueillent les réfugiés de l’Artsakh.
Enfin, je suggère également que nous ayons une pensée pour le Pape Francois, qui nous a quitté ce lundi de Pâques. Pouvait-il y avoir plus belle date pour être rappelé à Dieu ?
C’est toujours avec une grande émotion, et une gravité pesante, qu’avec mes collègues élus, nous nous tenons à vos côtés, pour commémorer la tragédie du génocide arménien.
Il y a 110 ans, plus d’un million et demi d’Arméniens, soit deux tiers de votre population, étaient massacrés par les Turcs.
Comme bon nombre d’Etats Chrétiens, l’Arménie et son peuple, ont régulièrement été attaqués par les puissances islamiques, à travers l’Histoire.
La plus infâme, la plus infecte de ces attaques, fut sans nul doute, lorsqu’en 1915, la déportation et le massacre prémédité et méthodiquement préparé de plus d’un million et demi d’arméniens occupants leurs terres d’Anatolie depuis 2000 ans, fut orchestré par le gouvernement Jeune Turc, et son leader Tallat Pacha.
C’est pour commémorer ce tragique événement et pour honorer la mémoire de votre peuple qu’aujourd’hui, ensemble, nous sommes réunis.
Suivant l’exemple de la France, Charvieu-Chavagneux a toujours été une terre d’accueil pour les Arméniens, devenus avec le temps et l’écriture d’une histoire commune, nos amis.
Ensemble, devant cette stèle inaugurée en 1987 en compagnie de Francoise BERBERIAN, 1ère adjointe issue de la Communauté arménienne à assurer cette fonction sur l’agglomération, nous nous rassemblons chaque année, pour une cérémonie d’hommages respectueux et fraternels, à ces disparus.
Ce génocide a légitimement été reconnu par la France, ainsi, refuser cette appellation, ou bouder sa commémoration est profondément incompatible avec les valeurs de notre Pays, et profondément indigne de la part des élus, ou de ceux qui se rêvent élus.
Même si rien ne saurait réparer les souffrances du peuple Arménien, il est du devoir de tous les justes de se tenir à vos côtés, de proclamer son soutien et de l’assumer.
Malgré cela, alors qu’une attention particulière aurait dû être portée sur l’Arménie, l’indifférence complice des Nations à conduit à une nouvelle ère de persécution.
En septembre 2023, les chrétiens de l’Artsakh ont été victimes d’une odieuse agression. Je ne rentrerai pas dans le détail des horreurs perpétrées par les islamistes azéries que chacun déplore.
Aujourd’hui encore, des Arméniens sont prisonniers de l’Azerbaïdjan et subissent leurs sévices.
Staline avait délibérément incorporé l’Artsakh, pourtant peuplé à 95% d’arméniens, à l’Azerbaïdjan. Sans doute était-ce prémédité de sa part, cherchant à préparer les conflits du futur et à déstabiliser le monde comme les communistes savent si bien le faire.
Où sont passés les bonnes intentions de la communauté internationale, d’habitude si prompte à promouvoir les droits des minorités, pourvues qu’elles ne soient pas chrétiennes ?
Dans l’indifférence généralisée, les nations belliqueuses et hostiles avancent leurs pions peu à peu, et l’Histoire pourrait de nouveau se répéter, alors que l’Empire Ottoman, esclavagiste et conquérant, semble se reformer.
J’exhorte tous les dirigeants de l’Occident, avec ce qu’il leur reste encore de bon sens et de courage, à ouvrir les yeux, et cesser de s’acoquiner avec ceux qui ne seront jamais plus que nos ennemis.
Je considère que nous ne devons pas entretenir de relations diplomatiques et économiques ni avec la Turquie islamique d’Erdogan, ni avec l’Algérie tant qu’elle persécutera les chrétiens et interdira leur culte, ni avec le Congo ou la Syrie qui orchestrent des massacres de nos frères croyants, ni avec n’importe lequel des pays arriérés qui pratique la chasse aux chrétiens.
La République Française de Monsieur Macron, soumise à la commission européenne et au leadership allemand pro-turc, est désormais dévoyée. La France a abandonné sa fierté, son glorieux passé qui l’unissait à la liberté des faibles et des opprimés.
Qui d’autre que la France, avec Saint Louis, fut le royaume protecteur des chrétiens d’Orient ? Les croisades et l’institution des Etats Latins d’Orient nous ont permis de nouer un attachement quasi millénaire avec les peuples chrétiens locaux comme les Arméniens, ces européens d’Asie comme les surnommaient les Francs.
Symbole de notre vieille amitié, le dernier des rois d’Arménie, Léon VI de Lusignan (1342-1393), repose en la Cathédrale de Saint-Denis avec les Rois de France.
Nos liens s’illustrent depuis les tombeaux de nos rois, jusqu’ici, à Charvieu-Chavagneux, où mon ami Jean Moughamian était l’exemple même d’une intégration réussie. Président de la Maison de la Culture Arménienne, il avait su conserver, entretenir, soutenir sa Communauté d’origine et, stimuler les démarches pour notre jumelage avec Etchmiadzine.
Aujourd’hui, mon message n’a pas changé : la France doit redevenir ce qu’elle était, la fille ainée de l’Eglise et l’exemple des nations indépendantes.
Elle doit retrouver sa vocation de protection des minorités chrétiennes en Orient, encore plus aujourd’hui en ces temps de persécutions.
La France doit se retrouver et retrouver son honneur.
Et pour cela, la France doit prendre exemple sur l’Arménie. Après les drames qu’elle a connus, l’Arménie a toujours su se rebâtir.
Vos saints martyrs ont, comme l’a souligné le Catholicos de la grande maison de Cilicie, « transfiguré » votre histoire et illuminé « les chemins enténébrés ». Votre capacité à renaître, et votre vitalité culturelle doivent être des exemples pour nous, Français, en ces temps de doute et de reniement.
Votre force réside dans vos certitudes, dans votre identité chrétienne, lovée au plus profond de vos âmes.
La France sans l’Eglise n’existe plus. Oui, l’Eglise a bâti la France ; la rejeter revient à déconstruire la France.
Le Général de Gaulle disait que la France ne pouvait être la France sans la grandeur. Aujourd’hui, permettez-moi de vous dire que la France ne peut être grande sans sa chrétienté.
Les Français doivent s’appuyer sur votre témoignage pour retrouver les forces spirituelles nécessaires à la reconstruction de leur espace culturel : la fierté de leurs origines, l’expression immodérée de leur art de vivre et le renouvellement des promesses de leur baptême.
Après tant d’épreuve et de souffrance, le peuple d’Arménie, résolument fidèle à lui-même, et surtout fidèle à son Dieu, le même qui fit de la France un jardin, n’a jamais renié ni baissé les yeux.
Ils sont confortés par les épreuves, elles sont le signe que Dieu ne les a pas abandonnés à la luxure, à la dépravation et à la concupiscence de Satan dans lesquels l’Occident s’est vautré.
L’Arménie est pareille à Philadelphie, l’une des 7 Eglises d’Anatolie, gravement persécutée au cours du premier siècle, dont le Seigneur avait loué la conduite irréprochable.
Elle, l’Arménie, qui malgré la puissance des idolâtres belliqueux qui l’attaquent, a gardé l’espérance et la persévérance ;
Elle, l’Arménie, qui a gardé sa conduite et sa foi sans tâche, préservant le nom du Seigneur de toute impudicité ;
Elle, l’Arménie, ne doit pas lâcher, car sa dévotion lui vaudra une couronne dans le Royaume des cieux.
Soyez fiers de ce que vous êtes, soyez vous-mêmes, des modèles d’inspiration pour tous les amoureux de leur nation.
L’Arménie est une terre de miracle, c’est comme cela qu’elle est née.
Comme j’aime le rappeler, l’Arménie devint la première nation chrétienne de l’Histoire lorsque le roi Tiridate IV se convertit au christianisme en 301, après avoir été sauvé miraculeusement de la maladie par Saint Grégoire l’Illuminateur, qu’il avait enfermé pendant des années à Khor Velap.
L’Arménie est une terre sur laquelle Dieu a posé ses yeux. Prions ensemble pour que le Père protège l’Arménie, et pour qu’il porte à nouveau son regard sur ces femmes et ces hommes qui l’appellent au secours du plus profond de leur Foi.
Pour conclure, je tiens à renouveler, à l’ensemble de la Communauté Arménienne de notre Ville, de notre Agglomération comme de la Région Auvergne Rhône-Alpes, mon amitié la plus fidèle et mon profond attachement à la cause arménienne.
Guétzé Frantsane, guétzé Ayastane. Guétzé Artsakh !
Guétzé ail-frantsagane paréganoutioune !
Longue vie à l’amitié entre nos deux peuples !